Architecte: Georges-Henri Pingusson
Construction: 1962
... Il ne convenait pas de construire un temple de victoire mais un refuge dans le silence et l'obscurité. Ainsi le mémorial de la déportation devait sans effets théatraux, sans emphase, rappeler la mort lente de plus de deux cent mille déportés dans les camps nazis ; d'où l'idée d'une crypte, d'une tombe,d'une architecture repliée sur elle-même dans la puissance de la terre .
Il fallait d'abord accueillir le visiteur, lui laisser le temps de
s'éloigner
de la rue et du bruit, puis le placer hors du cadre familier de la ville
;
les quais, les arbres, les tours de Notre-Dame ; tout cet environ
pourtant noble devait s'effacer pour qu'au-dessus de lui se révèle seul
présent , cerné par les murs de la fosse profonde où il était descendu,
le ciel.
Une seule issue s'ouvre sur les eaux de la Seine qui viennent battre derrière une grille puissante. Tout suggère l'emprisonnement et l'impossible évasion ; dans ce vide ne subsitent que ces deux présences éternelles et sans cesse renouvelées : le ciel et l'eau .
A l'opposé, la tombe creusée dans la terre où veille le feu du souvenir. Faisant retour sur ses pas, le visiteur peut alors entrer entre deux lourds pylônes dans cette crypte dont la masse énorme de béton fait de toutes les pierres de France, l'oppresse de son poids.
Cette tombe est placée dans l'axe du monument, à l'entrée d'une longue galerie dont les parois sont constituées par autant de lumières que de déportés morts dans les camps. 200 000 bâtonnets de verre luisent doucement dans la pénombre de la galerie, comme dans une chapelle ardente ; à son extrémité brûle une flamme jour et nuit.
De part et d'autre de la rotonde centrale, dans deux galeries transverses, des niches reçoivent les cendres des crématoires et la terre des 15 camps ; s'y ouvrent aussi des cellules de prisons vides évoquant le passage, l'étape obligée des déportés.
Sur les murs sont écrits et gravés quelques'uns des plus beaux cris de douleur, de révolte ou d'amour jaillis du coeur de ceux qui ont souffert avec eux. Cette crypte n'est pas faite pour des foules nombreuses, mais pour le visiteur solitaire qui viendra y méditer, y apporter sa pierre de deuil et de fidélité.
G.H Pingusson
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