Création: Group Ludic (Simon Koszel, David Roditi, Xavier De La Salle)
Installation: 1970
Aux halles de Baltard - Le square est mort, vive le square
par Dominique Lamazère - Marie-France - Novembre 1970.
Les grandes personnes n'y voient que des sphères mais les enfants y évoluent avec une aisance parfaite. Des aires de jeux de ce style existent aussi à Caen. Royan. Montpellier. Limoges. Biarritz et Anglet. Encore plus drôle que l'ancien, le manège nouveau style.
Eléments pour grimper, formes mobiles, volumes de détente, tels sont les seuls termes par lesquels on puisse dénommer les jouets urbains présentés à Paris par le groupe Ludic dans le cadre de l'exposition « Jouer aux Halles». Le visiteur adulte ne voit là qu'un univers de teintes franches et heurtées, de volumes géométriques qui peut plaire à son oeil ou le déconcerter, mais qui reste pour lui résolument abstrait. Dès qu'il pénètre dans cette enceinte, l'enfant lui évolue avec une surprenante aisance parmi les divers éléments.
Le « manège » — un cylindre en filet de nylon armé de deux cerceaux métalliques — disparaît sous des grappes bruyantes d'écoliers. Petits et grands se bousculent sur les pentes d'un abri de polyester transformé par eux en piste de glissades. A plusieurs mètres du sol. garçons et filles s'élancent du haut d une sphère pour rebondir sur un tremplin élastique.
Deux d'entre eux ont étudié l'architecture, le troisième, un Français, est peintre-sculpteur. Une même ardeur, un pareil désir de renouveler, d'humaniser le cadre urbain les anime. « Nous avons mis sur pied un vaste programme d'aménagement des squares parisiens », m'explique David Roditi. «Urbanistes et architectes consacrent tous leurs efforts au logement. Les espaces publics. au contraire, sont généralement délaissés. Le gouvernement ne semble pas comprendre que là-même où il nous refuse une petite somme, il lui faudra bientôt dépenser beaucoup plus pour la construction d'un hôpital psychiatrique ! »
L’imagination des enfants transforme
tout. Il est intéressant de noter que les premières réalisations du
groupe Ludic n'étaient pas destinées aux enfants exclusivement. Mais
ceux-ci. mieux que leurs parents, ont su exploiter ce nouvel
environnement; «Aujourd'hui, lorsque nous créons pour eux une structure
de jeu, nous
prévoyons deux utilisations ; ils en découvrent quinze », m'explique Xavier de La Salle.
prévoyons deux utilisations ; ils en découvrent quinze », m'explique Xavier de La Salle.
«
Moins la forme est figurative, moins elle est limitative. Pour l'un,
cette sphère habitacle deviendra sous-marin, pour l'autre appartement.
«Nous
ne pouvons concevoir l'habitat de demain comme celui d'hier. Aussi,
a-t-il semblé nécessaire à ce groupe ambitieux d'accoutumer l'enfant à
des formes nouvelles, à une grande diversité de matériaux. Bois,
résines, polyester armé, caoutchouc, mousses synthétiques s'imbriquent
pour former des jouets prêts à être utilisés, mais aussi des éléments de
création.
Cultiver le sens du beau. « Le sens du beau n'est pas inné, reprend l'un de mes interlocuteurs.
Indifférent
à l'esthétique, il veut avant tout s'amuser. Mais nous comptons le
marquer, l'habituer à la beauté des formes, des couleurs, des sons.
Ainsi des tubes métalliques à l'intérieur d'une sphère la transforment
en un instrument à percussion. Les petits ne songent qu'à faire le plus
de bruit possible. Pourtant l'ensemble a été étudié pour que la
combinaison des sons obtenus ne soit jamais discordante. »
Effrayées
par la hauteur de certaines structures, quelques mères manifestent leur
réticence. Le jeune architecte balaie leurs objections « A chaque
instant, un enfant court des dangers. Ne vaut-il pas mieux lui apprendre
à nager plutôt que de poser un garde-fou au bord de l'eau ? » Archives,
urbanistes, éducateurs? Deux de ces hommes jeunes sont des pères de
famille. Ils ont toujours travaillé en étroit contact avec les enfants
et ne se veulent pas d'autres maîtres. Sans rejeter le concours de
psychologues et pédagogues, ils refusent de se laisser enfermer dans le
cercle des idées reçues.« Nous nous sommes sentis concernés par un problème et nous avons mis toute notre force à le résoudre. »
photo de presse: 20/08/1970
"Jeux d'enfants aux Halles"
Journal télévisé de 20H - 02/08/1970
A Paris, suite au déménagement du marché des Halles vers Rungis, les artistes ont pris possession des Pavillons Baltard. Plusieurs spectacles s'y déroulent. Des architectes décorateurs, invités par le centre de création industrielle ont aménagé un espace de jeux pour les enfants.