Architecte: Pierre André Dufetel
Ingénieur: René Sarger
Projet / Construction: 1958-1960
Détruite.
Texte: Aujourd'hui - Mai 1961
Ce bâtiment représente une application du principe de couverture en voile mince, dont la caractéristique particulière est qu'elle repose en deux Points seulement.
Le terrain était particulièrement difficile, constitué de remblais récents pris sur le lit de la Liane, dont le cours doit être déplacé. Le sol ferme (gravier de Kimeridgienne) est à 20 m plus bas. La solution traditionnelle, envisagée au départ, aurait entraîné une dépense de plusieurs millions pour les pieux, retirant toute rentabilité à l'opération. L'architecte rechercha donc une superstructure réduisant les éléments porteurs à deux groupes de petits pieux.
Le programme comportait : une piste couverte de 250 m2; une station-service avec deux ponts, et une fosse de graissage et un poste de lavage ; bureau, attente, repos, sanitaires et divers locaux de service devant être répartis au fond et sur les côtés.
La coque est constituée d'un voile mince en forme d'hyperboloïde elliptique porté sur deux culées, solidaires de la tête des pieux et sous-tendues par deux tirants dans le sol.
Les façades, métalliques, sont constituées d'I.P.N. de section calculée pour résister aux vents. Ces éléments soudés, verticaux et horizontaux, constituent • un pan indéformable ; 4 portes doubles coulissantes devant, 2 derrière.
Pour éviter qu'à aucun moment l'une des façades ne soit mise en compression, deux possibilités ont été étudiées : suspentes accrochées au voile avec coulisses basses ; raidisseurs bridés en haut et en bas avec légère mise en tension sur la façade arrière.
La violence du vent (150
km/h) conduisit à adopter la seconde solution. Il n'a été employé pour
la réalisation des 500 m2 du voile que 60 m, de béton armé, celui-ci
n'ayant, en dehors des culées, que 10 cm d'épaisseur, sans aucune
nervure ni arc transversal.
Le
coffrage a été réalisé en simples planches, corroyées suivant des
génératrices droites et clouées à l'exclusion de tout assemblage. Monté
sur des t handelles en bastaing, il n'a posé aucun problème à
l'Entreprise dont c'était la première réalisation de ce type.
Le
prix de revient du bâtiment terminé, non compris le matériel de
distribution et de graissage, ressort à environ 200 NF le m2 pondéré.
L'étude du béton armé a été faite par M. Sarger, ingénieur spécialiste
des problèmes de voiles minces.
NOTE TECHNIQUE,
par René Sarger, Ingénieur-Conseil, Directeur du C.E.T.A.C.
Le problème posé ici par l'architecte était particulièrement intéressant sur le plan technique.
par René Sarger, Ingénieur-Conseil, Directeur du C.E.T.A.C.
Le problème posé ici par l'architecte était particulièrement intéressant sur le plan technique.
Sans doute, l'idée première d'utiliser pour cet ouvrage une structure en voile mince ou en coque de béton armé est-elle déjà, compte tenu des difficultés de fondation, particulière-ment économique. Son élégance architecturale est, de plus, remarquable. Contrairement à l'opinion courante, il est une fois de plus prouvé que la beauté structurale d'une oeuvre d'architecture va de pair avec une économie de matière et qu'elle est ainsi doublement rentable pour le Maître de l'ouvrage. Ce dernier, pour un prix inférieur à une construction classique, devient possesseur d'un « objet » déjà publicitaire par lui-même, par sa forme, par son « audace » et par cette élégance inhabituelle des coques à double courbure inverse.
Nous avons voulu démontrer les possibilités des coques minces auto-portantes sans raidisseurs. Les différentes hypothèses de calcul que nous nous sommes imposées ont amené des études extrêmement longues et passionnantes. Des maquettes d'essai nous ont permis de confirmer les hypothèses les plus défavorables.
Ainsi se poursuivent les recherches concrètes, grâce aux architectes qui, loin des sentiers battus et des formules toutes faites, osent, en collaboration avec l'Ingénieur, appliquer aux problèmes d'esthétique architecturale les possibilités les plus récentes de la technique et de l'art de construire.