Architecte: Claude Parent avec Jean Perdrizet
Animation murale: Maximilien Herzele.
Mise en couleur: Antoine Fasani.
Construction: 1955-1957
Photo tirée de "Villas 50 en France" http://www.editions-norma.com/Livres/Architecture/Villas-50-en-France
Photo tirée de "Villas 50 en France" http://www.editions-norma.com/Livres/Architecture/Villas-50-en-France
La maison qu'on montre du doigt
Elle - Avril 1960
Toute la ville en parle. Les voisins
la regardent, avec ironie, ou admiration;
Ils n’y sont pas encore habitués.
Les passants la montrent du
doigt. Tout le monde lève le nez :
la « chose » est située sur une butte.
La « chose », c'est une maison, et
nous sommes dans la paisible banlieue
de Champigny-sur-Marne. à
13 kilomètres de Paris, parmi les
pavillons en meulière et les jardinets
des retraités. De temps en
temps, un pêcheur à la ligne tourne
la tête : oui. elle est toujours là,
dominant curieusement la .Marne.
Elle fait toujours parler d'elle.
— Trop excentrique, dit Mme M .
une voisine. Mme M. a 21 ans, un
enfant et un mari métreur.
— Moi, j'aime, dit Mme D.. une
autre voisine. C’est clair. Ce doit
être confortable et d'un entretien
facile. Mme D. a 27 ans, deux enfants
et un mari menuisier.
Aimeriez-vous y vivre ?
Qu’en pensent-elles ?
Elles, les voisines qui ont vu s’élever cette maison avec stupeur, les promeneuses du dimanche qui s’arrêtent, étonnées de découvrir le modernisme en pareil lieu. Nous les avons emmenées visiter la maison. Voici leurs réactions :
Mme D... Habite en face (63 ans. mari employé).« Je n’aime pas beaucoup le côté sur la rue. Les gamins du quartier grimpent dessus. Mais l’intérieur est très agréable et confortable, je ne suis pas jeune, je me sens dépassée. »
Mme I. M... Une autre voisine (30 ans, une fille, mari ingénieur). « Pour y vivre toute l’année avec mon mari et ma fille : non. Mais comme maison de week-end : bravo ! J ’aime les baies vitrées, la vue merveilleuse, la salle de jeu, les fers noirs en U dans lesquels passent tous les fils d’éclairage (une idée que je retiens). La terrasse sans garde-fou me fait peur et j’ai pris mon talon plusieurs fois dans les bouches de chauffage. »
Mme JANINE D... Une amie (35 ans. mari ingénieur-conseil, saris enfant). « Si on me donnait à choisir entre cette maison et un appartement de 3 pièces a Paris, je prendrais la maison. Mais j ’apporterais certaines modifications.»
Mme CLAUDE B... Une visiteuse (29 ans, mari peintre, 2 enfants). « J'aime que cette maison soit largement ouverte, On profite au maximum de la vue et du jardin. Si je devais y vivre, je m’efforcerais de la «personnaliser». Je la meublerais en ancien »
Mme LUCE S... Une autre visiteuse (30 ans, un enfant, secrétaire, mari inspecteur e vente dans une maison de disques). « Cette maison me semble conçue par et pour des célibataires. La disposition est excellente. Si j’étais célibataire, je serais prête à tenter l’expérience. »
Mme E. D... Encore une visiteuse (40 ans. mari photographe, sans enfant). « Cette maison, je l’aime bien, mais je ne l’aurais pas construite là. Je pense qu’il faut d'abord qu’une maison s’inscrive dans le décor. Celle-ci, je la vois mieux dans le Midi. Vous me direz qu’à ce compte-là on ne ferait rien... Donc, bravo quand même pour l’audace. »
M. et Mme PERDRIZET (30 et 25 ans, industriel), le jeune ménage qui habite la maison avec leur bébé : ils en sont fous, et ne trouvent pas gênant l’opposition de leur maison et des pavillons de la rue.
Aimeriez-vous y vivre ?
Qu’en pensent-elles ?
Elles, les voisines qui ont vu s’élever cette maison avec stupeur, les promeneuses du dimanche qui s’arrêtent, étonnées de découvrir le modernisme en pareil lieu. Nous les avons emmenées visiter la maison. Voici leurs réactions :
Mme D... Habite en face (63 ans. mari employé).« Je n’aime pas beaucoup le côté sur la rue. Les gamins du quartier grimpent dessus. Mais l’intérieur est très agréable et confortable, je ne suis pas jeune, je me sens dépassée. »
Mme I. M... Une autre voisine (30 ans, une fille, mari ingénieur). « Pour y vivre toute l’année avec mon mari et ma fille : non. Mais comme maison de week-end : bravo ! J ’aime les baies vitrées, la vue merveilleuse, la salle de jeu, les fers noirs en U dans lesquels passent tous les fils d’éclairage (une idée que je retiens). La terrasse sans garde-fou me fait peur et j’ai pris mon talon plusieurs fois dans les bouches de chauffage. »
Mme JANINE D... Une amie (35 ans. mari ingénieur-conseil, saris enfant). « Si on me donnait à choisir entre cette maison et un appartement de 3 pièces a Paris, je prendrais la maison. Mais j ’apporterais certaines modifications.»
Mme CLAUDE B... Une visiteuse (29 ans, mari peintre, 2 enfants). « J'aime que cette maison soit largement ouverte, On profite au maximum de la vue et du jardin. Si je devais y vivre, je m’efforcerais de la «personnaliser». Je la meublerais en ancien »
Mme LUCE S... Une autre visiteuse (30 ans, un enfant, secrétaire, mari inspecteur e vente dans une maison de disques). « Cette maison me semble conçue par et pour des célibataires. La disposition est excellente. Si j’étais célibataire, je serais prête à tenter l’expérience. »
Mme E. D... Encore une visiteuse (40 ans. mari photographe, sans enfant). « Cette maison, je l’aime bien, mais je ne l’aurais pas construite là. Je pense qu’il faut d'abord qu’une maison s’inscrive dans le décor. Celle-ci, je la vois mieux dans le Midi. Vous me direz qu’à ce compte-là on ne ferait rien... Donc, bravo quand même pour l’audace. »
M. et Mme PERDRIZET (30 et 25 ans, industriel), le jeune ménage qui habite la maison avec leur bébé : ils en sont fous, et ne trouvent pas gênant l’opposition de leur maison et des pavillons de la rue.
La salle de séjour : panneau coulissant
en petites lattes et pleine lumière.
« Côté rue », façade en béton armé fermée
jusqu’à 2 m. 20 de hauteur ; « côté
Marne » vitrage panoramique sur toute
la hauteur. La façade sur la rue est décorée
en reliefs et en couleurs pour rompre
la monotonie du béton (maquette de
M. Herzelle). Au-dessus, sur toute la longueur,
un vitrage oblique permet la pénétration
du soleil et son réchauffement à
l’intérieur de la maison. Du côté de la
rivière, le vitrage est protégé par deux
grands panneaux en polyester stratifié.
Ils coulissent sur des rails modifiant la
lumière. Sous le niveau de la rue, réservé
à l'habitation et au garage, la salle
de jeu est prolongée par une petite terrasse
: l’été c’est la pièce principale.
La vie a murs ouverts.
Le paysage entre dans la maison : l’été, la cloison de la salle de
jeu coulisse et se plie comme un grand paravent. Conçue pour les loisirs de tous,
la salle de jeu sert aussi de salle de projection
ou de lieu de détente : on regarde
passer les péniches et les rameurs du dimanche.
Comme à l’étage supérieur, les
fils électriques passent dans des fers en U,
et les lampes peuvent se déplacer. Le plafond
est en dalles insonores perforées et
le sol est recouvert de linoléum bleu.
A coté de la salle de jeux : une chambre
noire (le propriétaire est un passionné
de la photographie) et la chaufferie
au mazout. Un couloir conduit dans une
chambre d’amis parfaitement isolée et
équipée d’un bloc sanitaire indépendant. Sur toute la longueur du
couloir est aménagé un bloc-penderie. Il
est construit dans l’épaisseur du mur et
forme alvéole en façade à l’extérieur. Il
sert de vestiaire pour les amis et la maîtresse
de maison y range le linge et les
vêtements dont elle ne se sert pas souvent.
Detail de la salle de sejour: le coin-cuisine. L ’élément de
rangement du fond utilise la profondeur
du mur (gain de place). C’est un bloc
alvéolé en tôle laquée blanc avec des niches
à fonds polychromes. Sous cet élément
un réfrigérateur posé au sol dont
le dessus sert de table de travail et un
évier inox à deux bacs (douchette et
broyeur d’ordures incorporé). La hotte
en tôle laquée (conception Perdrizet) dissimule
un aspirateur de buées et le
réchaud-four a été peint en rouge corail.
Le comptoir-bar est utilisé intérieurement
pour ranger la vaisselle. Du côté de la salle
de séjour, il est « habillé » d’acajou verni
et le plan de travail est en Dilophane blanc.
Dans la chambre d'amis: le
plafond a été abaissé sur toute la longueur
du lit. L ’espace ainsi créé sert de
grenier : par ses portes laquées coulissantes
on range les valises, les skis, les
vieux livres, etc... Les murs sont recouverts
de lokwood acajou : facile à entretenir,
ce matériau apporte la chaleur du
bois et il s’harmonise parfaitement aux
dosserets de Formica bleu du lit et de
la coiffeuse.
Le dessus de lit est en Surnyl gris clair
assorti au tabouret et le sol a été recouvert
de moquette en poil animal gris foncé.
La porte (à droite sur notre photo) ouvre
sur un petit cabinet de toilette : le
lavabo a une robinetterie mélangeuse, le
receveur douche est à même le sol, le
ventilateur encastré et les murs entièrement
laqués. Cette installation
permet aux amis d’être indépendants ; ils
rejoignent directement le jardin et la rivière
sans devoir remonter à l’étage supérieur
où couchent les maîtres de la maison.
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