Sarcelles - Appartement Famille Garrault - Garrault-Delord

Sarcelles - Appartement Jean-Pierre et Maryvonne Garrault
Décoration: Garrault-Delord: Henri Delord, Jean-Pierre Garrault
Création: 1972

La maison de Henri Delord à Chantilly ici:
http://astudejaoublie.blogspot.fr/2014/07/chantilly-maison-dhenri-delord-garrault.html




Le Journal de la Maison - Reportage Marion Perraud, Photos Denis Dufau - 1972

Dans notre précédent numéro, nous vous avons présenté la maison de Henri et Michèle Delord, toute en lignes et en couleurs. Aujourd'hui voici l'appartement de Jean-Pierre et Maryvonne Garrault, leurs associés. Bien sûr, la parenté de style entre la villa et l'appartement saute aux yeux : mêmes graphismes recherchés, mêmes couleurs éclatantes, même goût des meubles simples et bien dessinés. Mais Jean-Pierre Garrault a su jouer de ces graphismes pour agrandir son appartement en y créant des perspectives.
En entrant chez lui on de-vine sa formation de peintre reconverti au design. 

Jean-Pierre et Maryvonne Garrault ont choisi d'habiter le nouveau Sarcelles. On est d'ailleurs surpris lorsqu'on pénètre dans leur quartier aux petits immeubles soignés et gais, aux rues tracées au cordeau, animées par des parterres de fleurs et de gazon. Où est donc la ville-enfer, l'univers concentrationnaire dont Sarcelles évoquait irrésistible-ment l'image ? En fait, Sarcelles a grandi et, on peut le dire, souvent bien vieilli. 

L'appartement comporte cinq pièces dont la cuisine qui tient lieu aussi de salle à manger.

Sur le séjour, s'ouvre la cuisine. Au premier plan se trouve le coin proprement ménager avec tous les appareils. Quant au coin repas il se trouve au fond de la cuisine, près de la fenêtre, surélevé par une estrade de bois peinte en rouge. C'est une bonne solution à adopter pour les cuisines des immeubles modernes, souvent trop grandes pour un simple usage ménager. Les couleurs adoptées, l'estrade et les graphismes oui courent le long du mur indiquent bien la délimitation des deux zones. Aux fenêtres des stores en tissu et autour de la table, seul élément ancien de la maison, des chaises en plastique blanc. Les multiples du mur sont en plastique thermo-formé (édition Chabrières). 

Un couloir bleu animé par des graphismes très dynamiques noirs, blancs et jaunes, dessert les chambres.

La chambre d'enfant est à dominante blanche et rouge. Le sol a été garni de Borg blanc, qui est une sorte de peluche moelleuse très douce aux pieds. Le long de la fenêtre équipée de stores en tissu, on a fixé une planche en formica qui sert de bureau et de lieu de jeu à Julie Garrault. Dessous on a fixé une tringle où sont accrochées bien visibles, les ravissantes tenues de Julie. Le lit tout en mousse, est garni de vinyl rouge et blanc...

Le séjour lui-même n'est pas très grand, c'est pourquoi on a évité de trop le charger et on s'est servi de l'ouverture sur le balcon pour agrandir la perspective. 

Juste devant, un jardin d'hiver est constitué par de somptueux cactus. Le plafond a été laqué en brun tête de nègre. L'effet de reflet des meubles sur cette laque (un canapé à éléments recouverts de griffine blanche, création Garrault et Delord, et un siège relax recouvert de tissu de laine), donne une quatrième dimension à la pièce. Le sol est recouvert de moquette également tête de nègre. Quant aux murs, ils sont laqués blanc et les baies vitrées protégées par un store à lamelles blanches. L'éclairage, tout comme chez Delord, est assuré par des spots, coulissant sur un rail fixé sur une colonne (qui est en fait un tube de canalisation gainé d'adhésif imitation marbre). Des taches de couleurs vives sont fournies par le tapis (création Garrault-Delord) et une vaste composition murale, en formica et adhésif, exposée au musée d'art moderne en 1971. Au mur un masque africain originaire de Côte d'Ivoire et une œuvre du maître de maison. 

Chantilly - Maison d'Henri Delord - Garrault-Delord

Chantilly - Maison d'Henri Delord
Décoration: Garrault-Delord: Henri Delord, Jean-Pierre Garrault
Création: 1972

L'appartement de Jean-Pierre et Maryvonne Garrault à Sarcelles:
http://astudejaoublie.blogspot.fr/2016/07/sarcelles-appartement-famille-garrault.html




Une maison d'apparence traditionnelle habitée par un designer amoureux des couleurs vives.







Du Blanc et des couleurs
Texte: Marion Perraud - Le Journal de la Maison - Octobre 1972

Une villa traditionnelle : toit de tuiles plates et grandes baies coulissantes cerclées d'aluminium, au milieu d'un vaste jardin dans les bois de Chantilly... c'est là qu’habitent Henri De-lord et sa famille.
Henri   Delord, 37  ans, est designer. Lauréat d'une bourse Zellidja, c'est à cette  occasion qu'il rencontra  Jean-Pierre   Garrault.   Ils   s'entendirent   si bien   qu'ils   décidèrent  en   novembre 1970  de  s'associer et forment  maintenant un tandem connu. Polyvalents, ils s'intéressent à tous les aspects de l'habitat -.  mobilier, recouvrement de sols et de murs, luminaires, architecture  intérieure.  En  fait,  plus  encore, ce  sont tous  les  produits industriels qu'ils souhaitent traiter : un objet parfaitement adapté à sa fonction, tel est leur  but,  et  pour  cela,  ils  n'hésitent pas à repenser eux-mêmes les moyens de  production.  Le vrai  design  l'exige : il faut tout concevoir pour arriver à un produit fini quasi parfait. Cette rigueur a fourni de nombreux clients au team Garrault-Delord : on compte parmi eux les plus grands industriels français et étrangers. Aidés par leurs femmes    respectives,   Maryvonne   et Michèle,   ils   réalisent   réellement   un travail d'équipe où chacun se critique et  se  corrige.  Graphistes,  ils  ont  le goût   des   lignes  qui   soulignent   une architecture  ou   un  objet ;   leur  goût des couleurs vives se  retrouve dans presque toutes leurs productions. Peintres, ils créent des multiples en  plastique thermoformé soulignés de motifs colorés. Le musée d'Art Moderne de Paris leur a consacré une exposition où l'on a pu voir de monumentales sculptures    aux    couleurs    éclatantes et aux lignes bien  rythmées.

Aujourd'hui nous vous présentons la maison d'Henri Delord, mais nous vous montrerons aussi, dans  un  prochain  numéro,   l'appartement   de   Jean-Pierre Garrault.  Cette  maison   ne   surprend pas le visiteur par des volumes extérieurs ultra-modernes. Au contraire, au premier abord elle ne dénote pas au milieu des villas bourgeoises dont est parsemé le ravissant bois de Chantilly. Aussi la surprise est d'autant plus grande lorsqu'on jette un coup d'ceil à travers ses vastes baies vitrées. Des murs blancs font ressortir les couleurs éclatantes de quelques éléments qui sont les lignes de force où s'accroche le regard. Tout dans la maison dénote la formation graphiste d'Henri Delord : une ligne bleue et jaune dynamique grimpe sur le mur d'un des escaliers, le plafond est barré de rouge et de blanc, un chevron sillonne la moquette. Cette animation constante des surfaces rend la maison très gaie et accueillante à l'image de ses habitants. Le pôle d'attraction du séjour est la cheminée en tôle laquée : tous les sièges convergent autour d'elle. Elle a été réalisée par un artisan. Le foyer est en briques de Vaugirard, la plaque de protection du devant est en lamifié blanc, sur lequel on a collé des raies diagonales en adhésif jaune.

Pas de meubles, juste de confortables canapés et un boudin fait maison. De gigantesques cactus placés devant les baies font la jonction avec le jardin extérieur. De très hautes colonnes garnies de rails où sont fixés des spots orientables éclairent la pièce. La cuisine n'est séparée du living que par une amorce de cloison. La villa apparaît très vaste, 150 mètres carrés sur chacun des niveaux, impression renforcée par l'absence de cloisons, et par la loggia du premier étage ; dans une partie du séjour, le regard s'élève ainsi jusqu'à la charpente sans rencontrer de plafonds. Deux escaliers de part et d'autre du rez-de-chaussée conduisent au premier étage où se trouvent les chambres et la grande loggia-salon. Le gros œuvre a été réalisé par un entrepreneur pour une somme de 120000 F environ. Quant au second œuvre, il a été effectué en grande partie par les Delord ou par des artisans sous leur direction. Henri Delord a même recouvert lui-même la charpente en lambris. En re qui concerne les éléments rapportés, meubles, sièges, tapis, on ne s'étonnera pas qu'une grande partie soit des créations de toute l'équipe Garrault-Delord !

Lampadaire sol-plafond édité par Chabrieres en 1971, création: Garrault-Delord